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Criquet coud

2 janvier 2015

Chanté Nwel en jupe-chemise

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"Oh! La bonne nouvelle, la bonne nouvelle qu'on vient nous annoncer...", chante-t-on aux Antilles à l'Avent pour préparer Noël, au rythme du gwoka. On se regroupe entre voisins, entre amis, entre collègues même, pour chanter, des chants de Noël anciens revus depuis des décennies, voire des siècles, aux rythmes créoles. On danse, on mange et on boit un peu aussi. Cela s'appelle les "Chanté Nwel".

Avec un petit groupe d'amis, nous en avons organisé un mi-décembre. Pour cette belle et chaleureuse manifestation, il me fallait un costume couleur locale. Nous avions comme consigne vestimentaire un haut blanc et un foulard en madras.

Après un long temps de recherches et de cogitations, j'ai finalement opté pour un ensemble jupe-chemise, qui correspondait le mieux à la consigne. Comme son nom l'indique, il est composé... d'une jupe, généralement très large, froncée ou plissée à la taille, et longue. Cette combinaison a précédé la robe à corps (ou wobako) de Guadeloupe ou la grand-robe de Martinique. L'ensemble jupe-chemise était à l'origine, au XVIIIème siècle, porté par les affranchies qui choisissaient des toiles d'indienne chamarrées en signe de richesse, car les dentelles, les rubans et la soie leur étaient interdites. La chemise était en toile très fine, batiste ou mousseline de préférence, et ouvragées de plis, nervures, broderies. L'ensemble jupe-chemise est aussi appelé Matador, car il a été la tenue de prédilection des femmes matadors, ces cocottes des îles, libres et entretenues par les notables. La générosité de leurs amants leur permettait de s'offrir ce costume luxueux et dispendieux, qui les distingaient des femmes rangées.

In "Two years in the French West Indies", Lafcadio HEARN, 1890

In "Two years in the French West Indies", Lafcadio HEARN, 1890

Mon corsage est directement sorti de mon armoire: je l'avais acheté en Hongrie il y huit ans, et ses broderies et fronces correspondaient au modèle. Pour réaliser la jupe, je me suis d'abord référée à trois ouvrages de ma bibliothèque personnelle:

- "Costumes créoles. Mode et vêtements traditionnels des Antilles françaises de 1635 à 1948", de Lyne-Rose BEUZE et Loïs HAYOT, éd. Fabre Domergue, Fort-de-France, 1999

- "Le costume. Une époque de l'histoire de la Guadeloupe à travers le costume 1860 - 1910", de Renée GLAUDE, Musée Saint-John Perse, Pointe-à-Pitre, 1990

- "La gazette du costume créole aux fils tissés des modes et de l'Histoire", de Nicole Réache et Michelle GARGAR, PLB éditions, Gosier, 2009

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J'ai également procédé à une recherche iconographique sur internet. Respecter la forme et l'esprit originaux tout en modernisant, tel était mon objectif.

Traditionnellement, et selon les ouvrages cités, la jupe est "à queue" (ou à traîne). Réalisée d'au moins cinq lés, arrivant à six mètres de large (deux plus courts devant, et trois plus longs derrière), elle est composée de tissus imprimés, colorés, d'une ou plusieurs sortes (jusqu'à onze!). La femme la relève sur le côté pour laisser voir son jupon richement orné.

N'ayant pas les moyens d'une matador, je suis allée à l'économie. J'ai choisi un Wax en 110 cm de large au Marché Saint-Pierre, au prix honteusement bas (environ 3 € le mètre) et donc très probablement fabriqué en Chine) dont les couleurs fortes et complémentaires me plaisaient beaucoup.

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J'ai composé la jupe avec trois lés seulement: un devant et deux derrière. Et j'ai utilisé la forme de la jupe de la robe à corps indiquée par les auteurs de "La gazette du costume créole", pages 228-229, dont voici ci-dessous le schéma:

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On a donc une forme trapézoïdale pour le dos, plus étroite dans le haut que dans le bas, et dont la base est droit fil et le sommet en cloche. La coupe est contraire à ce qui se pratique habituellement: haut droit ou légèrement incurvé, et bas incurvé également pour équilibrer la longueur sur les côtés. La forme de la robe créole est particulièrement intéressante car elle permet de conserver l'équilibre des dessins (notamment si on travaille dans du madras) puisque la base est droite. J'ai procédé de même pour le devant en incurvant la taille. Je n'ai pas gardé la "mahoulette" (fronces rabattues dans le dos) pour ne pas alourdir la taille. Cela donne une jupe à traîne d'un beau volume. La ceinture est montée (à la manière traditionnelle et donc rabattue, mais à la machine par manque de temps), fermée par deux agrafes, et agrémentée de deux liens à nouer devant pour y remonter un pan de la jupe. La jupe elle-même est froncée. Quant à l'ourlet, malgré le manque de temps j'ai préféré le faire à la main pour qu'il ne soit pas visible.

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Et voilà: je n'avais plus qu'à me parer de mes tété négresse, jonc plat et autres bijoux créoles, et de ceindre mes dheveux d'un madras, et j'étais prête pour la fête...

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28 novembre 2014

Futal FOMEC

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Comment les militaires font-ils pour passer inaperçus aux yeux de l'ennemi? Ils font FOMEC. "C'est quoi cette chose?", me direz-vous? En clair, dans le jargon de l'armée, FOMEC est l'abréviation de Forme Ombre Mouvement Eclat Couleur, dispositif sensé amener les hommes à se fondre dans le paysage. J'ai appris ça de mon cher Papa il y a longtemps quand certains soirs d'été à la campagne il nous prenait l'envie de sortir nous promener la nuit sans lumière sur les chemins autour du village.

Eh! Bien, pour les grandes vacances, Criqueton II a eu droit à son futal de campagne, pour faire FOMEC, mais surtout pour se salir sans retenue dans le champ de Papi où la terre rouge laisse son souvenir indélébile sur les vêtements.

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La forme treilli était idéale: elle protège des éraflures aux jambes et des couronnes aux genous en maintenant le pantalon serré aux chevilles. J'ai utilisé le modèle L de pyjama de Fait main 383 de décembre 2013: simplissime, bouclé en 3h coupe comprise. Pas de poches, pas de braguette.

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Et Criqueton II a disparu dans la ravine le temps d'une pêche aux écrevisses...

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19 novembre 2014

Le loup du CE1

 

c'est moi le plus fort

 

"Mouchette, sais-tu qui est le plus fort?", vocifère mon Criqueton II en se plantant devant moi les poings sur les hanches. Il se coule avec un plaisir assumé dans la peau du vilain méchant loup. C'est que la maîtresse du CE1 a lancé ses élèves sur la mise en scène de l'histoire de Mario Ramos: "Qui est le plus fort", et qu'ils se passionnent pour les scénettes qu'ils jouent en classe.

Seulement voilà, un élève de CE1, ça ne ressemble pas, mais alors pas du tout, à un loup, ni même à un louveteau. "Il nous faudrait un masque pour que les enfants se changent en loup", s'est dit la maîtresse. Mais... Comment s'y prendre? Heureusement, elle a de la suite dans les idées. Elle s'est souvenu que Criqueton II lui avait fait une confidence: à ses moment perdus il utilise la machine à coudre de sa maman qui sait coudre, et qui coud beaucoup. Aussi, à l'occasion d'un goûter où les parents d'élèves sont invités, la maîtresse en profite pour me demander de... Vous devinez quoi?

FABRIQUER LE MASQUE DU LOUP pour la classe de CE1!

Bien que je ne manque déjà pas d'occupations et d'obligations, je me suis sentie infiniment honorée. Bien sûr, j'ai répondu OUI, en pensant en mon for intérieur que je pourrais associer mon petit Criqueton II à la naissance de la Bête.

L'aventure a donc commencé avec des énigmes à résoudre à chacune des étapes.

Etape 1: la matière

J'ai choisi une feutrine noire : ça se tient bien et c'est facile à travailler, on peut la laisser coupée à cru, c'est mat comme le pelage du loup, et c'est doux à toucher pour les enfants.

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Etape 2: le dessin du modèle

C'était sûrement l'étape la plus difficile. J'ai commencé à faire une recherche iconographique sur internet, pour bien percevoir la forme de la tête d'un loup. Puis j'ai fait la comparaison de cette forme avec celle de la tête d'un enfant, pour imaginer de quelle manière opérer la transformation. Ensuite j'ai fait des croquis mêlant les deux formes, en essayant de styliser cette tête de loup, tout en la conservant suffisamment excplicite et réaliste pour que les enfants la reconnaissent et s'en approprient l'identité. Enfin, il a fallu imaginer comment réaliser cette forme en trois dimensions.

 

Etape 3: le patron

Pour transposer le volume en patronage, j'ai imaginé un découpage en trois parties:

  1. le museau, les yeux, le front et les oreilles,
  2. le dos du crâne à partir des oreilles,
  3. le profil de la tête.

Puis j'ai mesuré les dimensions de la partie face sur Criqueton II pour placer les yeux.

Enfin, j'ai dessiné cette partie sur du papier épais.

Pour le dos et les côtés, j'ai dessiné des formes approximatives , afin d'avoir une base à reprendre ensuite sur mon modèle vivant.

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Etape 4: la découpe et la mise en forme

J'ai découpé la face dans la feutrine et marqué l'emplacement des yeux.

Pour que le museau tienne droit, je l'ai doublé de tarlatane, que j'ai fixée à la feutrine à l'aide de points de broderie machine. Je me suis amusée à créer des motifs géométriques pour styliser le modèle et imiter le pelage du loup.

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Les différentes parties ont été assemblées par un point de grébiche blanc au coton perlé.

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J'ai aussi marqué un petit pli entre les yeux et le museau pour que celui ci ne retombe pas sur le poitrail mais se tienne d'équerre. Et puis j'ai fait un pli dans le creu des oreilles qui sont composées de trois parties.

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Et voilà, le masque du loup est prêt.

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Si j'avais eu plus de temps, j'aurais encore amélioré la tenue du volume, qui reste un peu mou. Et puis j'aurais ajouté des dents pour qu'il aie l'air plus féroce.

J'ai choisi de laisser la machoire inférieure vide pour que les enfants puissent respirer facilement, et parler puisque but est qu'ils récitent leur texte.

Alors, qui est le plus fort???

5 novembre 2014

Les Wax de Claire

Depuis qu'elle a vu mes dernières réalisations en indigo et autres batiks hollandais, Claire me demande de lui faire un haut avec les wax qui lui arrivent directement de sa terre natale. Tope-là! Si on s'organisait un dimanche couture? Voilà une invitation qui me plaît.

C'était en mai. Depuis il y a eu... pfff! Des dossiers à boucler, des réunions, des activités extra-scolaires, les vacances, la rentrée,... Ce qui nous a amené à la Toussaint. Et là: ô miracle! Un dimanche libre, sans enfants et sans contraintes. J'ai passé une très belle journée: apéro, petits plats, papotages, guitare et chansons. 

Nous avons choisi un patron de robe Burda avec un beau décolleté, qui ira à ravir avec un beau wax qui dormait dans une armoire. Les pièces du patron sont découpées. Rendez-vous dans quinze jours pour la coupe et l'assemblage.

Avant que je parte, Claire m'a fait cadeau de trois morceaux de très beaux wax, dont un Uniwax et un Vlisco. Je n'ai pas encore décidé de ce que j'allais en faire. Pour l'instant je les admire. Un grand merci Claire!

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1 novembre 2014

Première fois...

... Premier blog, premier article...

Alors pourquoi ne pas raconter mes premières fois en couture?

Comme:

- Ma première machine, une Singer vieille d'un siècle, pied en fonte et entièrement mécanique, qui ne marchait qu'à la force des mollets. C'était celle de ma grand'mère paternelle, et sans doute celle de sa propre mère. Il faut dire qu'elle étaient toutes les deux couturières à domicile, petites mains ouvrières usant les yeux jours et nuits sur des ouvrages fins pour quelques sous. Je n'ai pas eu le bonheur de connaître ma grand'mère, mais cette machine m'a beaucoup rapproché d'elle. Je l'ai utilisée pour la première fois à onze ans pour coudre des petites bricoles, puis très vite mes premiers vêtements, et j'ai dû l'abandonner pour une machine électrique vers l'âge de 24 ans. Autant qire qu'elle m'en a rendu, des services. Mes parents avaient fini par la descendre à la cave pour que j'aille coudre la nuit sans réveiller toute la maison!!! Ma vieille Singer était la jumelle de celle-ci. 

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- Mon premier guide de couture, le Précis de couture prêté par ma Maman, que j'ai lu et relu des centaines de fois. Cet ouvrage m'a fascinée pendant des années, j'avais envie de tout essayer, et c'était aussi le point de départ d'innombrables questions et demandes de conseils à ma Maman et ma Grand'mère qui, je crois, se faisaient un plaisir de partager leur science avec moi. Je leur dois beaucoup de ce que je sais faire aujourd'hui en couture, et le fil à coudre à presque remplacé le cordon ombilical entre nous!!! En tout cas, grâce à elle et à ce fameux précis de couture, j'ai appris la couture à la main avec le plasir d'avoir des vêtements parfaitement finis... Mais pas comme dans les magasins...

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- Ma première méthode de coupe, que j'ai commencé à utiliser à l'âge de douze ans pour confectionner ma première jupe droite (très à la mode dans les années 80). La première fois que j'ai mis cette jupe, c'était à un déjeuner chez des amis de mes parents: la maîtresse de maison n'a jamais voulu croire que c'était moi qui avait cousu ma jupe. J'étais à la fois déçue et très fière car elle lui avait tapé dans l'oeil!

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